Fondation Un Coeur

 

La Fondation Un Cœur soutient les soins vétérinaires, notamment en cardiologie.
L’un de ses objectifs concerne la prise en charge chirurgicale de certaines maladies cardiaques, dont la persistance du canal artériel.

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Qu’est-ce que la persistance du canal artériel ?

 

La persistance du canal artériel (PCA) est une malformation cardiaque congénitale fréquente et potentiellement mortelle. Comme son nom l’indique, elle se caractérise par la persistance, après la naissance, d’un vaisseau dénommé le canal artériel.

Qu’est-ce que le canal artériel ?

Le canal artériel est, chez le fœtus, une courte communication entre les deux grandes artères qui sortent du cœur : l’aorte et le tronc pulmonaire. Sa présence est normale, et même obligatoire pendant la vie embryonnaire, permettant le passage du sang oxygéné par le placenta, depuis le tronc pulmonaire vers l’aorte. Ce canal doit cependant se fermer dans les heures qui suivent la naissance sous peine d’entraîner des modifications graves de la circulation sanguine, en raison du mélange de sang entre l’aorte (sang oxygéné) et le tronc pulmonaire (sang désoxygéné).

Photo 1 PCAFigure 1 : Schéma de la persistance du canal artériel (image libre de droit)

 

Quelles espèces sont les plus touchées ?

La PCA est surtout décrite chez le chien. Elle touche davantage les races pures que croisées, certaines étant particulièrement prédisposées. Dans 80% des cas, il s’agit de chiens de petit à moyen format  (Caniche, Bichon Frisé, Chihuahua, épagneuls nains anglais par exemple), mais certaines races de grand format ne sont pas épargnées (Berger allemand et Labrador notamment). Les femelles sont également plus prédisposées que les mâles à la PCA.

 

Quelles sont les conséquences de la PCA ?

Chez un animal sain, le sang riche en oxygène (« rouge ») et le sang pauvre en oxygène (« bleu ») sont totalement séparés dans deux circulations différentes. Lors de PCA, la communication entre l’aorte et le tronc pulmonaire persiste. Le sang peut donc passer d’une circulation à l’autre : c’est ce que l’on appelle un shunt.  De façon plus précise, la pression dans l’aorte étant plus importante que dans le tronc pulmonaire, lors de PCA une partie plus ou moins importante du sang « rouge » passe en permanence dans le canal artériel pour se mélanger au sang « bleu ». Si le canal est de grand débit, cet excès de sang arrivant dans les artères pulmonaires, retourne au cœur gauche, et conduit à sa dilatation avec même sortie possible de liquide sanguin dans les poumons : c’est l’œdème pulmonaire, définissant le stade de l’insuffisance cardiaque congestive.

 

Comment diagnostiquer une PCA ?

Le diagnostic de la PCA est basé sur l’examen clinique et sur des examens complémentaires, comme la radiographie, l’échocardiographie couplé à un examen Doppler.

En effet, chez l’animal atteint de PCA, un souffle cardiaque typique est généralement dé

tecté à l’auscultation dès les premières consultations vaccinales. Les principaux signes cliniques, si la PCA est évoluée, sont ceux de l’insuffisance cardiaque (intolérance à l’effort, toux, difficulté respiratoire (ou dyspnée), syncopes, etc.).

L’échocardiographie est fondamentale car elle permet de visualiser le canal artériel persistant, d’en déterminer de façon précise sa taille et sa forme, et d’en évaluer ses conséquences. L’examen Doppler complète les données précédentes, en mettant en évidence le flux sanguin à travers le canal, en en déterminant la direction et en recherchant des signes d’hypertension artérielle pulmonaire.

 

photo 2 PCA

 

Figure 2 : image échographique prise chez un chien avant fermeture du canal artériel, montrant un canal de taille importante entre l’aorte et le tronc pulmonaire ainsi que le flux sanguin turbulent (flèche jaune) déversé depuis le canal dans le tronc pulmonaire (échocardiographie transoesophagienne, mode Doppler couleur). Crédit photo UCA-IMMR.

Quel est le pronostic pour l’animal ?

Sans correction chirurgicale, 50 à 64% des chiens meurent dans leur première année de vie. Toutefois, lorsque le canal est occlus, la fonction cardiaque est nettement améliorée, voire totalement restaurée, et la durée de vie de l’animal n’en sera pas impactée.

Quel type de traitement peut être mis en place et quand ?

Le traitement de la PCA est chirurgical, consistant en une fermeture du canal artériel persistant. L’intervention doit être réalisée le plus tôt possible, idéalement avant l’apparition des signes d’insuffisance cardiaque.

A l’heure actuelle, trois techniques d’occlusion sont possibles, leur choix dépendant du format de l’animal ainsi que de la forme et de la taille du canal (d’où l’importance de la qualité de l’échocardiophie pré-opératoire) :

1)   Ligature du canal après ouverture du thorax (thoracotomie) et dissection complète du canal. Il s’agit de la première chirurgie « cardiaque » historiquement décrite chez le chien. Sa réussite repose avant tout sur une bonne dissection de la zone de pose des ligatures. Son risque est l’apparition d’une hémorragie (le plus souvent fatale) lors de la dissection ou de la ligature du canal ;

2)   Pose de clips (sorte de petites agrafes enserrant le canal artériel). Cette technique est moins invasive que la précédente car elle ne nécessite qu’une petite ouverture du thorax (ou « mini-thoracotomie ») et une dissection non totale du canal. Les risques hémorragiques sont moindres et le temps opératoire est plus rapide ;

3)   La pose d’un dispositif d’occlusion  introduit  à travers le canal, sans ouvrir le thorax, en passant par l’artère d’un membre, l’artère fémorale (méthode dite endovasculaire). Ce dispositif en forme de diabolo est spécifiquement conçu pour le chien, constitué d’un mélange de nickel et de titane, parfaitement biocompatible (https://infinitimedical.com/fr/products/dispositif-docclusion-pour-chiens-acdo/).  Il s’agit de la technique actuellement privilégiée, dès que les conditions le permettent, car elle évite l’ouverture du thorax et permet à l’animal de rentrer au domicile du propriétaire dès le lendemain de l’intervention, avec juste un petit pansement à l’intérieur de la cuisse. De plus, cette méthode est efficace à plus de 95%. Si l’animal est de petite taille, il convient de s’assurer au préalable que le dispositif choisi pourra passer à travers l’artère fémorale, en mesurant le diamètre de celle-ci par échographie (https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=2459001257465012&id=627263943972095 et https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=2899944210037379&id=627263943972095)

 La PCA est une malformation cardiaque qui peut altérer gravement la fonction cardiaque et conduire à la mort en l’absence de fermeture du canal. Cependant, différentes méthodes chirurgicales, dont une totalement non invasive, permettent l’occlusion du canal artériel persistant, et améliorent considérablement la qualité de vie et la durée de vie de l’animal.

Bibliographie

  1. Chetboul V. La persistance du canal arteriel et autres shunts intrathoraciques extracardiaques. In: Chetboul V and Taton C, editors. Encyclopédie animée d’imagerie cardiovasculaire ultrasonore du chien et du chat. Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson ; 2018. p. 277-306.
  2. Goodrich KR, Kyles AE, Kass PH, Campbell F. Retrospective comparison of surgical ligation and transarterial catheter occlusion for treatment of patent ductus arteriosus in two hundred and four dogs (1993-2003). Vet Surg 2007;36:43-9.
  3. Miller MW, Gordon SG, Saunders AB, Arsenault WG, Meurs KM, Lehmkuhl LB, Bonagura JD, Fox PR. Angiographic classification of patent ductus arteriosus morphology in the dog. J Vet Cardiol 2006;8:109-14.
  4. Saunders AB, Gordon SG, Boggess MM, Miller MW. Long-term outcome in dogs with patent ductus arteriosus: 520 cases (1994-2009). J Vet Intern Med 2014;28:401-10.
  5. Silvain E. (2014) Etude rétrospective épidémiologique, clinique, échographique-Doppler et pronostique de 97 cas de persistance du canal artériel chez le chien (2001-2004) ;25:59.